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Infos pratiques

Mieux faire face aux changements climatiques : de réelles solutions pour agir dès maintenant

Ce n’est pas un secret : de grands défis attendent les villes pour lutter contre les effets des changements climatiques, et ce, dès maintenant et pour les années à venir. Des experts de NAQ vous offrent leurs visions des enjeux actuels et des pistes de solutions pour passer à l’action.

 

Jérôme Maurice, directeur Restauration des milieux naturels, Jacinthe Guimont, directrice Écocollectivité ainsi que Maryline Charbonneau, conseillère principale Partenariats stratégiques et relations gouvernementales répondent à quelques questions sur ce sujet au cœur des discussions actuelles au sein des instances municipales et des gouvernements du Québec et du Canada.

Maryline Charbonneau
Jacinthe Guimont
Jérôme Maurice
Quels sont les plus grands défis actuels pour les villes et municipalités en ce qui concerne les changements climatiques et la transition écologique?

 

Une municipalité gère tout à la fois et l’urgence climatique est une préoccupation plus abstraite, qu’on ne voit pas nécessairement au quotidien. Par contre, de plus en plus de crises majeures (inondations, feux, vagues de chaleur, pics de smog, etc.) démontrent les réels enjeux pressants et créent une prise de conscience. Plusieurs villes se dotent maintenant par exemple de plans climat. Malgré tout, selon moi le plus grand défi est le manque de ressources financières et/ou humaines dédiées pour mettre en œuvre les actions requises à une échelle suffisamment significative et à long terme, explique Jérôme Maurice.

Pour Maryline Charbonneau, trois grands défis ressortent. Selon elle, un changement de paradigme doit avoir lieu en matière d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques pour intégrer ces derniers dans les projets en cours et les outils d’aménagement du territoire. De plus, l’intégration de la transition écologique dans la gouvernance municipale comme une préoccupation transversale à tous les départements et les projets pourrait changer bien des choses à son avis. Finalement, à l’instar de Jérôme, elle croit qu’un financement adéquat pour réaliser des travaux d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques tant sur le domaine public que privé de la municipalité est nécessaire.

 

Les municipalités possèdent les pouvoirs les plus concrets pour lutter contre les changements climatiques et pour opérer la transition écologique, ce qui représente une tâche de taille!, explique à son tour Jacinthe Guimont. En plus des défis mentionnés par mes collègues, les municipalités font également face au défi de l’acceptabilité sociale des mesures à mettre en place pour les travaux d’adaptation et d’atténuation. L’appareil politique ayant le pouvoir de mettre en place ces mesures est en effet dépendant d’un électorat critique et, dans certains cas, résistant aux changements, ce qui a tendance à freiner les efforts plus radicaux et significatifs de l’administration municipale en matière de lutte contre les changements climatiques et de transition, soutient-elle.

Les municipalités possèdent les pouvoirs les plus concrets pour lutter contre les changements climatiques et pour opérer la transition écologique, ce qui représente une tâche de taille! - Jacinthe Guimont

En tant que ville, municipalité ou MRC comment peut-on déterminer efficacement ce qu’il faut mettre en place, planifier les priorités puis agir ensuite?

 

Selon Jérôme Maurice et Jacinthe Guimont, qui travaillent quotidiennement avec les municipalités, villes, MRC ou la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), les plans d’action en développement durable (PADD) et les plans de transition écologique (PTE) produits par NAQ sont un bon point de départ. Ils représentent un excellent moyen de connaître les forces et les points à travailler d’une municipalité en matière de développement durable et de transition, puis d’agir de manière concrète afin d’opérer les changements requis.

 

Pour ce faire, il faut tout d’abord réaliser un bon diagnostic du territoire, identifier les enjeux récurrents et leurs impacts et ensuite intégrer des cibles et des orientations dans les politiques des municipalités pour que les projets en planification puissent intégrer les priorités d’action en matière de transition. Lorsque les projets sont appuyés sur des données scientifiques et une priorisation selon la récurrence et l’urgence d’atténuer les impacts, pour minimiser les coûts pour le propriétaire privé et la municipalité, cela aide aussi pour chercher le financement adéquat auprès des bailleurs de fonds, soutient Maryline Charbonneau.

Consultation publique réalisée par NAQ dans le cadre d’un processus de plan d’action en développement durable avec une MRC. 

D’autres outils d’analyse, tels que les plans de lutte contre les îlots de chaleur (PLIC), permettent quant à eux d’identifier les secteurs les plus vulnérables aux conséquences des changements climatiques, dont la chaleur et les précipitations intenses. Ces zones peuvent ensuite faire l’objet d’une analyse des infrastructures vertes pouvant y être mises en place afin de mitiger ces impacts et de consolider la résilience non seulement du milieu, mais aussi des populations plus vulnérables. Les recommandations qui en découlent permettront à la Ville de prévenir l’apparition de nouveaux îlots de chaleur et de lutter de manière concrète et à long terme contre les conséquences de ces derniers.

Quelles solutions aux enjeux actuels existent et peuvent être mises en place dans un délai rapide (ex. 1 an)?

 

En tant que directeur Restauration des milieux naturels, Jérôme Maurice voit la protection des milieux naturels et la lutte contre les îlots de chaleur comme deux solutions pouvant être priorisées pour soutenir à très court terme l’adaptation aux changements climatiques au sein de la municipalité. En identifiant d’abord les secteurs d’intervention prioritaires et les habitats d’espèces vulnérables, on peut agir rapidement pour sécuriser des espaces qui jouent à la fois un rôle sur le plan climatique et sur le plan de la biodiversité.

 

Ces milieux naturels rendent de nombreux services écologiques (filtration de l’air et de l’eau, séquestration du carbone, contrôle de l’érosion, régulation de la température ambiante, etc.) dont nous bénéficions tous et qui sont utiles pour lutter contre les changements climatiques. Il est important de les protéger via la conservation ainsi que restaurer les milieux urbains altérés afin que ces services écologiques persistent. Des actions comme la naturalisation des berges pour protéger les habitats aquatiques, mais aussi maintenir la qualité de l’eau, peuvent être réalisées.

Les plans de lutte contre les îlots de chaleur et les plans d’action en développement durable ou plans de transition écologique sont des projets qui peuvent être réalisés en une seule année, mais qui peuvent avoir des impacts concrets sur le long terme, détaille Jacinthe Guimont.

 

En effet, les PADD/PTE permettent d’atteindre une vision sur 10 ans résolument axée sur la transition écologique, et ce, au moyen d’objectifs et d’actions qui sont mis à jour au fur et à mesure qu’ils sont réalisés ou aux cinq ans minimalement.

 

Chez Nature-Action Québec, ces plans sont réalisés en étroite collaboration avec la population, les élus de même que les employés municipaux. Un comité de validation est ainsi formé pour piloter les projets avec NAQ. C’est l’équipe Écocollectivité, chapeautée par Jacinthe Guimont, qui détient cette expertise.

Grandes étapes de réalisation – Plans d’action en développement durable/Plans de transition écologique 

 

  • Recrutement du comité de validation; 
  • Réalisation du diagnostic en développement durable : analyse de la documentation de la Ville, entrevues avec les directeurs et directrices des services concernés et consultation citoyenne; 
  • Élaboration de la vision et des orientations : en collaboration avec le comité de validation et basé sur les données récoltées dans le cadre du diagnostic; 
  • Élaboration des objectifs et de leurs indicateurs de suivi : en collaboration avec le comité de validation et basé sur les données du diagnostic; 
  • Élaboration des actions à mettre en œuvre par la Ville qui contribueront à l’atteinte des objectifs : les actions sont proposées par NAQ puis approuvées par la Ville. La population est ensuite impliquée à cette étape pour choisir/prioriser les actions qui seront intégrées dans le PADD/PTE au moyen d’un vote populaire; 
  • Élaboration des cibles à atteindre pour les indicateurs de suivi, ainsi que de leur valeur de référence; 
  • Adoption du PADD/PTE par la Ville; 
  • Présentation publique du PADD/PTE.  

 
Découvrez le plan d’action en développement durable réalisé par NAQ pour la Ville de Saint-Lazare. 

Les PLIC permettent quant à eux de prévoir des travaux d’aménagement du territoire qui permettront de lutter concrètement contre les effets des îlots de chaleur locaux. Ils prévoient aussi l’émission de recommandations d’outils urbanistiques et réglementaires qui peuvent être intégrés rapidement dans les documents d’aménagement et les règlements municipaux.

Grandes étapes de réalisation – Plans de lutte contre les îlots de chaleur 

 

Pour les plans de lutte contre les îlots de chaleur, la démarche implique un diagnostic qui permet de cibler les lieux d’intervention prioritaires, puis d’agir à l’aide d’un plan qui regroupe l’ensemble de l’information produite en cours de mandat, et comprend plusieurs recommandations d’aménagement et d’outils urbanistiques et législatifs. 

 

Ces recommandations concernent, entre autres, les actions relatives à : 

  • La végétalisation du territoire (ex. : augmenter le pourcentage de la superficie totale de la propriété devant faire l’objet d’un projet d’aménagement paysager ou être recouverte de gazon) 
  • La déminéralisation et la perméabilisation du territoire (ex. : interdire les entrées en U, exiger qu’au moins 40 % des espaces de stationnement commerciaux soient couverts par la canopée, etc.) 
  • L’augmentation de l’albédo des surfaces (ex. : exiger pour les toits plats des industries, commerces et institutions (ICI) un revêtement avec un indice de réflectance solaire (IRS) supérieur à 78 et/ou une toiture végétalisée lors de leur construction et leur remplacement) 
  • L’amélioration de l’isolation thermique des bâtiments (ex. : ajouter des normes pour l’isolation et l’étanchéité des bâtiments). 

 

Découvrez le plan de lutte contre les îlots de chaleur réalisé par NAQ pour la ville de Beloeil.

Finalement, Maryline Charbonneau voit la mobilisation de la population et la sensibilisation aux enjeux des changements climatiques (acceptabilité sociale des changements de paradigme dans l’aménagement du territoire et les finances municipales) comme une solution importante et pouvant être mise en place rapidement via des services aux citoyens comme une maison de l’environnement ou un écoquartier, des ateliers et activités d’information, des patrouilles vertes, un programme de verdissement citoyen, etc.

Existe-t-il des subventions pour ces projets?

 

Bien que les enjeux de financement soient bel et bien réels, quelques programmes existent pour soutenir les villes et municipalités. Grâce à son expérience, NAQ connaît bien ces programmes et peut aider les villes, municipalités et MRC à obtenir le financement nécessaire pour leurs projets. 

Fonds des solutions climatiques axées sur la nature (FSCAN)  

 

Ce fonds du gouvernement du Canada soutient des projets qui entraînent une réduction des gaz à effet de serre et un accroissement de la séquestration du carbone grâce à la conservation, restauration, ou la gestion améliorée de milieux humides, de prairies, ou de forêts. Les projets acceptés doivent donc être axés sur la conservation, la restauration et l’amélioration de la gestion d’habitats importants pour les oiseaux migrateurs, les espèces en péril et d’autres espèces d’importance culturelle et/ou socioéconomique pour les communautés locales. 

Fonds des municipalités pour la biodiversité  

 

Le Fonds des municipalités pour la biodiversité est une initiative de la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec (SNAP Québec), réalisée en collaboration avec la Fondation de la faune du Québec. Il s’agit d’un outil qui permet aux municipalités et aux villes de contribuer efficacement aux grands défis environnementaux par la réalisation de projets de protection et d’amélioration des milieux naturels sur leur territoire. Sur une base volontaire, chaque municipalité ou ville du Québec verse 1 $ par ménage ou unité de taxation par année dans un fonds qui lui est réservé puis utilise ces sommes accumulées pour réaliser des projets de protection des milieux naturels en collaboration avec des partenaires du milieu.

Fonds municipal vert

 

Ce fonds de la Fédération canadienne des municipalités offre aux organisations municipales une aide pour accélérer l’adoption de pratiques durables. En offrant du soutien financier, des ressources et des activités de formation, il donne aux municipalités des moyens qui leur permettent de devenir plus résilientes et d’améliorer la vie des Canadiens. Ce soutien financier peut notamment aider à réaliser un PADD/PTE ou un PLIC.

Programme OASIS  

 

Ce programme administré par le gouvernement provincial vise à offrir un soutien financier aux organisations municipales et aux communautés autochtones pour qu’elles planifient et réalisent des projets de verdissement leur permettant de mieux adapter leur milieu aux impacts des changements climatiques. Il peut donc aider à financer les projets de PLIC.

Vous souhaitez passez à l’action mais ne savez pas par commencer?

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