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La première approche de lutte est la prévention. En effet, prévenir l’envahissement d’un site est la méthode la moins coûteuse pour garantir la pérennité d’un site face à l’envahissement d’EVEE. Cependant, une fois l’invasion commencée, il existe trois approches pour lutter contre les espèces végétales exotiques envahissantes :
L’éradication est la méthode la plus efficace pour faire disparaître l’EVEE ciblée du site d’où elle provient. Cependant, cette approche n’est envisageable que dans de rares cas (ex. jeune population). Dans le cas où ce n’est pas possible, il faut alors se tourner vers des méthodes de contrôle et/ou de confinement.
Bien que les méthodes de contrôle et de confinement ne permettent pas une éradication complète de l’EVEE ciblée sur le court terme, elles peuvent néanmoins contribuer à une diminution des populations présentes et limiter leur expansion.
Le choix d’une méthode pour lutter contre les EVEE va dépendre de plusieurs facteurs (types de milieux, présence d’espèces à statut précaire, mode de reproduction des EVEE, etc.) influençant le ou les choix possible(s) d’intervention(s). Cela exige une étude préalable approfondie des zones d’interventions. Plusieurs actions sont possibles, notamment les interventions mécaniques, physiques, chimiques, la compétition végétale et la lutte biologique.
Il est parfois préférable de combiner plusieurs types d’actions différentes afin d’assurer une meilleure lutte contre les EVEE. Quoi qu’il en soit, des autorisations auprès de différentes instances sont très souvent nécessaires avant de pouvoir commencer les travaux. Il est donc important de s’assurer que les interventions s’effectuent selon les réglementations en vigueur.
L’arrachage peut se faire à la main ou au moyen d’outils tels que les « extractigators ». Ce type d’intervention favorise le déracinement du plant en entier de l’EVEE ciblée ce qui l’éradique de façon presque certaine. Selon les espèces arrachées, les débris devront être acheminés soit dans un site d’enfouissement, soit compostés, soit brûlés.
La coupe peut être une intervention envisageable pour lutter contre les EVEE, mais cette action doit être combinée à une intervention physique, chimique ou biologique. En effet, pour de nombreuses EVEE, couper les tiges peut stimuler l’expansion de rejet au niveau des racines, stolons ou souches/tiges. Par exemple, après avoir réalisé une coupe de nerprun, un sac d’encapsulation peut être déposé par-dessus la souche et ancré dans le sol afin d’éviter que cette dernière ne soit en contact avec la lumière et ainsi limiter sa régénération.
L’excavation est une technique qui permet d’enlever toute une partie du sol situé sous des populations d’EVEE en retirant plusieurs centimètres ou mètres de profondeur de terre. Cette action est possible en utilisant de la machinerie lourde telle qu’une excavatrice. L’excavation suivie d'une gestion des résidus rigoureuse est certainement la technique la plus efficace2 pour lutter contre des EVEE très robustes telles que la renouée du Japon ou le phragmite.
Cependant, cette technique n’est pas toujours possible dans certains milieux. Par exemple, il est certainement peu probable d’obtenir des autorisations pour utiliser une telle machinerie dans les milieux humides. De plus, dans le cas où cette activité de lutte est possible, ses coûts élevés ne doivent pas être négligés, au risque de compromettre l'intervention.
Certaines plantes peuvent être stimulées par la lumière, même après leur coupe.
Après une coupe, il est important de ne pas laisser les grosses tiges ou les souches nouvellement créées à l’air libre. En effet, de nombreuses EVEE ont la capacité de générer des rejets dès qu’elles sont stimulées par des interventions (coupe, arrachage mal effectué, etc.).
Il est donc important d'arrêter tout apport de lumière sur les parties encore vivantes de la plante fraîchement coupée afin d’éviter qu'elle ne vienne compromettre l’efficacité des interventions. Par exemple, lorsque des interventions de coupes sont réalisées sur des individus de nerprun, il est nécessaire d’utiliser des sacs d’encapsulations afin de priver la source de toute source lumineuse. Ces sacs doivent être assez étanches et solides pour pouvoir être efficaces. Il est recommandé de laisser les sacs pendant minimum deux ans afin de garantir une efficacité maximale.
Tout comme l’action d’encapsulation décrite ci-dessus, le bâchage va permettre de priver de lumière les espèces végétales ciblées. Avant de poser une bâche, il est recommandé d’effectuer une action de fauche ou de coupe dépendamment des EVEE ciblées afin de les affaiblir. C’est le cas par exemple dans les luttes contre le roseau commun22 et la renouée du Japon15.
Il est cependant parfois délicat d’utiliser des bâches. En effet, dans les milieux humides, l’utilisation de bâches peut entraîner une dégradation de l’habitat pour de nombreuses espèces d’amphibiens. Il est donc important de bien planifier l’installation des bâches pour ne pas entraîner d’autres problématiques sur le site d’intervention. Les types de bâches peuvent varier et le temps requis avant de les retirer est variable. Pour le phragmite, deux années d’installation peuvent suffire pour éradiquer les individus ciblés si aucun déchirement de la bâche n'est noté durant toute l’installation.
Une méthode de lutte biologique contre les EVEE peut consister à submerger les individus. Par exemple, il est possible de réaliser une action de fauche sous l’eau afin de priver les nouvelles repousses d’oxygène18. Pour que cette approche soit efficace, il faut qu’il y ait une hauteur d’eau suffisante.
Dépendamment du secteur d’intervention, le feu dirigé peut être une technique permettant de lutter contre certaines populations d’EVEE18-19. Cette approche peut cependant être nocive pour les populations indigènes2. Ce type d’intervention a déjà eu lieu sur des populations telles que l’alliaire officinale (Alliaria petiolata). Cependant, l’appui scientifique apportant un poids au succès réel de cette approche n’est pas encore répandu.
La méthode de lutte par le feu peut également être une action à combiner à d’autres actions, telles que l’utilisation d’herbicides10, afin de garantir de meilleurs résultats. Par exemple, des interventions de lutte contre le phragmite ont déjà utilisé cette double approche. Néanmoins, en plus des réglementations gouvernementales régissant l’utilisation d’herbicide, de nombreux critères sont à prendre à considération pour éviter de nuire aux autres espèces présentes sur le site, comme par exemple les périodes d’intervention, la localisation du site, etc.
Bien que l’utilisation d’herbicides et de phytocides demeure une piste envisageable pour lutter contre les EVEE, les conséquences que peuvent avoir ces interventions sur les milieux naturels restent parfois trop incertaines. Il est obligatoire de respecter les réglementations et d’obtenir des certificats d’autorisation par le gouvernement avant de pouvoir procéder à l’utilisation de tels produits.
Les méthodes chimiques mises en place pour lutter contre les EVEE doivent, si possible, être combinées à la compétition végétale afin de maximiser les chances de réussite des luttes, que ce soit dans des buts de confinement, de contrôle ou d’éradication des EVEE.
Utiliser la nature contre la nature peut être bénéfique dans certains cas.
Agir en plantant des végétaux pour lutter contre l’expansion d’une EVEE peut s’avérer pertinent et efficace. En effet, en introduisant de nouvelles populations d’espèces indigènes autour d’une population d’EVEE (souvent déjà affaiblie par une première intervention mécanique et/ou physique), une compétition végétale s’établira et diminuera les chances que les colonies d’EVEE se répandent à nouveau.
Cette approche doit être bien définie préalablement en considérant les espèces végétales indigènes déjà présentes sur le site ou dans la région afin de ne pas générer une autre forme de compétition. De plus, dépendamment des zones d‘interventions, la présence d’espèces à statut précaire nécessitera une réflexion au sujet du choix des espèces à planter afin de respecter l’habitat des espèces présentes.
Faire intervenir des herbivores pour lutter contre certaines populations d’EVEE est une approche qui a déjà été effectuée dans le passé20. Par exemple, la chèvre a déjà été introduite dans des milieux envahis par la salicaire (au Canada) ou le rosier rugueux (en France). Cependant, l’utilisation d’animaux pour lutter contre les EVEE ne doit pas se faire avant une réflexion sur les dommages qui peuvent en découler (ex. piétinements des animaux).
Si les opérations de lutte consistent à couper ou extraire des EVEE (racines, feuilles, fruits, etc.) il sera essentiel d’acheminer les débris dans des lieux bien spécifiques21. Pour les particuliers, l’acheminement vers des sites d’enfouissement peut s’avérer compliqué. Souvent, c’est par la location d’un conteneur qu’il sera possible de s’assurer que les débris ligneux soient acheminés vers un site désigné.
Attention, il est impératif de ne pas se départir des débris de l’EVEE en question dans des bacs de compostage ou des poubelles domestiques pour éviter les risques de dissémination de l’EVEE.
Quelle que soit la méthode de lutte considérée pour lutter contre les EVEE, des suivis sont nécessaires dans les semaines, mois ou années suivantes afin de pouvoir s’assurer de l’efficacité, ou non, des actions réalisées.
De plus, les suivis permettront de contrôler la croissance des semis de graines tombées préalablement (en attente ou en dormance dans le sol), les rejets et les repousses des EVEE. À la suite de ces suivis, il n’est pas impossible que de nouvelles activités de luttes soient à considérer afin de garantir une efficacité de contrôle, de confinement ou d’éradication.
Il est presque impossible de pouvoir éradiquer une colonie d’EVEE en une seule intervention, même si plusieurs actions (physique + mécanique, par exemple) ont été réalisées. Lors de la planification de projets, les suivis sont à considérer dans les budgets et le temps prévus.